COLLECTIF d’auteurs
Du souffle dans les mots – 30 écrivains d’engagent pour le climat
Arthaud – 2015
A l’ère de la COP21, la Maison des Ecrivains a voulu prendre sa place dans les actions pour le climat. Le 1° février 2016 s’est tenu au Théâtre du Vieux Colombier à Paris le Parlement sensible : lecture publique du texte de trente écrivains et de jeunes du Conseil régional d’Ile de France. Du souffle dans les mots regroupe ces messages, très variés, mais tous unanimes pour exiger un état d’urgence climatique et des actes concrets.
Qu’ils soient philosophes, historiens, poètes ou romanciers, d’origine française, algérienne, belge, ivoirienne ou italienne, ils ont tous une terrible lucidité sur l’avenir de notre terre. Chacun à sa manière, à travers des pensées philosophiques, de la poésie, une projection catastrophiste, de la fiction chiffres à l’appui, un discours adressé aux enfants et plus généralement au lecteur adulte, ils tirent la sonnette d’alarme. Le lecteur ne peut qu’adhérer au discours tellement la pluralité des approches et des sujets évoqués tend inexorablement vers la même conclusion fracassante : il reste un maximum de deux années pour tenter de ralentir le réchauffement climatique, les politiciens doivent d’urgence opter pour un changement radical des modes de vie occidentaux, chaque homme et chaque femme doit participer individuellement à la construction collective.
Les textes, présentés dans le livre par ordre alphabétique d’auteur, sont pourtant répartis par grandes familles : les textes philosophiques et poétiques pour commencer, des fictions catastrophistes et des cris de colère pour continuer et enfin, quelques solutions.
Peu adepte de la philosophie, j’ai eu des difficultés à suivre la pensée des premiers auteurs. Je suis plus attirée par les initiatives individuelles concrètes, comme celles présentées dans le documentaire magnifique Demain (2015) de Cyril Dion et Mélanie Laurent. Mais les amateurs, j’en suis certaine, trouveront leur bonheur dans cet échantillon d’argumentation en profondeur.
Passés les philosophes, les textes changent de contenu. Marie Desplechin, dans son cri glaçant mais vibrant d’espoir, s’est adressée aux enfants et a fait basculer le livre dont j’ai dévoré la deuxième moitié. J’ai frémi à l’énonciation des catastrophes à venir, je me suis indignée contre la société de consommation, j’ai levé mes poings de colère contre les politiciens immobiles, en association avec tous les auteurs.
Quand j’ai fermé Du souffle dans les mots, je me sentais citoyenne.
J’ai envie de conclure en laissant la parole à trois écrivains du collectif :
Jacques Gamblin, se moque de la notion de ressenti apparue depuis peu dans le langage médiatique : « Je ne reproche pas aux partis politiques traditionnels de ne parler écologie que les années bissextiles c’est-à-dire tous les quatre ans à l’approche de l’élection présidentielle, ou quand le gazon de leurs dirigeants se met à jaunir mais je ressens un profond malaise d’imaginer que nos enfants, nos petits-enfants et les leurs, accessoirement, payent et vont payer très cher cet irréalisme ou pour parler trivialement ce manque de couilles. »
Hervé Le Tellier : « Ce qui devrait s’imposer à nous dès maintenant, c’est bien plus qu’une inflexion dans nos pratiques, du steak quotidien à la jouissance du gros moteur. Il faudrait une révolution politique, désacraliser le mot de croissance, cette croissance qui augmente mécaniquement surtout si la maison prend feu. Il faudra plus de contraintes mondiales, plus de règles internationales, et enfin, osons le mot, des sanctions. Moins de « main invisible du marché ». Plus de courage. Plus de politique, telle que la définit Platon. »
Boualem Sansal : « Tout est lié, tout change en même temps et dans le même sens. C’est la loi de la nature. Voilà pourquoi tout doit être engagé en même temps, la lutte contre le changement climatique et la lutte contre le changement de civilisation que les pollueurs de l’âme veulent nous imposer. »
Merci à l’opération Masse Critique de Babelio et aux Editions Arthaud qui m’ont envoyé ce livre.
WordPress:
J’aime chargement…