Cinquante-huit
Ils sont cinquante-huit, ils sont des milliers
A fuir leur passé, désespérés, en quête d’horizons plus glorieuses
Eldorado ? Ils le croient, toujours.
Comment ne pas y croire, lorsqu’aux alentours
Il n’y a que sécheresse et terres rocailleuses ?
Ils sont cinquante-huit, ils sont des milliers
Ils prennent la route, comme hébétés, bravent désert, faim, épuisement
La mer ? Peur, promesse d’avenir.
Comment ne pas tenter, ne pas investir
Le pécule amassé si difficilement ?
Ils sont cinquante-huit, ils sont des milliers
L’embarcation tangue, de droite, de gauche, elle va chavirer, c’est certain.
Les enfants ? Questionnent leurs parents.
Comment dissimuler les regards déments
Sous les doigts qui caressent la chevelure châtain ?
Ils sont cinquante-huit, nous sommes des millions
De joyeux nantis. Dolce vita, opulence et consommation.
Les migrants, un épiphénomène ?
Un simple fait divers non anxiogène ?
Ou une cause à plaider, au niveau des nations ?
Ils sont cinquante-huit, nous sommes des millions
De Français choqués, interloqués, par cette absence d’humanité.
L’Aquarius, oiseau des mers, bridé ?
Le sort des migrants, par l’Europe décidé
Sera-t-il le tombeau de notre dignité ?
Le 29 septembre 2018
Texte repris par
- Ecrire, Lire, Penser, 1° octobre 2018
- Les 7 du Québec, 3 octobre 2018