Orgueil et préjugés

Orgueil et préjugésJane Austen

Orgueil et préjugés

Christian Bourgeois Editeur, 1979

 

Ecrire une critique d’Orgueil et préjugés est pour moi un exercice particulièrement difficile. Car enfin, qui suis-je, pour me permettre de commenter cette œuvre monumentale, évoquée et analysée par de grands spécialistes, tels Virginia Wolf, Walter Scott ou encore Vladimir Nabokov qui consacre même à Austen un cours de littérature ?

Je m’étais promis, il y a quelques mois, d’écrire une chronique sur les six grandes œuvres de Jane Austen. Celle-ci est la deuxième après Raison et sentiments. Je vais essayer de glorifier la romancière et les amours d’Elizabeth et Darcy d’une façon un peu originale. Comme nous vivons à une époque gestionnaire, malgré mon aversion pour les bilans quantitatifs, je vais utiliser cet outil. Ne hurlez pas, vous verrez, il est plutôt bien adapté ici. En effet, en navigant sur la toile, je suis tombée sur l’impressionnante documentation collectée par Alice, une blogueuse qui a créé un site internet dédié exclusivement à Jane Austen http://www.janeausten.fr/. Dans sa page consacrée à Orgueil et préjugés, elle a recensé les données suivantes :

  • Nombre d’adaptations télévisuelles et cinématographiques du roman : 9 (entre 1938 et 2005)
  • Nombre d’adaptations inspirées du roman : 9 (dont 2 à venir)
  • Nombre de livres faisant référence à Orgueil et préjugés:  285 (dont 28 traduits en français)
  • Nombre de livres librement adaptés du roman : 62 (dont 4 traductions françaises)

Impressionnant, n’est-ce pas ? J’ai envie de rajouter mes propres indicateurs (mièvres mais je les assume) aux précédents : j’ai lu Orgueil et préjugés au moins trente fois ; j’ai acheté le roman en sept exemplaires au moins, car lorsque je le prête, je ne supporte pas d’en être dépossédée et je le rachète.

Cette histoire n’a pas fini de faire couler de l’encre. C’est dire si Austen a su subjuguer ses lecteurs par la finesse dans son histoire et la beauté dans son style.

Christine Jordis, spécialiste de littérature anglaise et ancienne directrice de la fiction anglaise chez Gallimard, soutient le fait que l’auteur a choisi d’écrire sur son époque et son milieu social ; enfermée dans ce cadre rigide, elle a recherché la liberté à l’intérieur de ces contraintes. Orgueil et préjugés n’est donc pas, à la base, une histoire romantique. Ce sont les lectrices contemporaines qui l’ont positionné au sommet de cette catégorie, au détriment des lecteurs masculins, d’ailleurs, ce qui est bien dommage.

Un petit extrait.

Elizabeth Bennet est contrainte de séjourner à Netherfield auprès de la famille Bingley et de Monsieur Darcy, pour soigner sa sœur Jane, malade et dans l’incapacité de quitter la chambre pour rentrer chez elle. Miss Bingley, amoureuse de Darcy, sent l’ascendant d’Elizabeth sur le jeune homme et cherche à détourner son attention de sa rivale.

Miss Bingley […] se mit à se promener à travers le salon. Elle avait une silhouette élégante et marchait avec grâce, mais Darcy dont elle cherchait à attirer l’attention restait inexorablement plongé dans son livre. En désespoir de cause elle voulut tenter un nouvel effort et, se tournant vers Elizabeth :

– Miss Eliza Bennet, dit-elle, suivez donc mon exemple et venez faire le tour du salon. Cet exercice est un délassement, je vous assure, quand on est resté si longtemps immobile.

Elizabeth, bien que surprise, consentit, et le but secret de miss Bingley fut atteint : Mr. Darcy leva les yeux. Cette sollicitude nouvelle de miss Bingley à l’égard d’Elizabeth le surprenait autant que celle-ci, et, machinalement, il ferma son livre. Il fut aussitôt prié de se joindre à la promenade, mais il déclina l’invitation : il ne voyait, dit-il, que deux motifs pour les avoir décidées à faire les cent pas ensemble et, dans un cas comme dans l’autre, jugeait inopportun de se joindre à elles. Que signifiaient ces paroles ? Miss Bingley mourrait d’envie de le savoir, et demanda à Elizabeth si elle comprenait.

– Pas du tout, répondit-elle. Mais soyez sûre qu’il y a là-dessous une méchanceté à notre adresse. Le meilleur moyen de désappointer Mr. Darcy est donc de ne rien lui demander.

Mais désappointer Mr. Darcy était pour miss Bingley une chose impossible et elle insista pour avoir une explication.

– Rien n’empêche que je vous la donne, dit-il, dès qu’elle lui permit de placer une parole ; vous avez choisi ce passe-temps soit parce que vous avez des confidences à échanger, soit pour nous faire admirer l’élégance de votre démarche. Dans le premier cas, je serais de trop entre vous et, dans le second, je suis mieux placé pour vous contempler, assis au coin du feu.

=> Quelques mots sur l’auteur Jane Austen

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2 réflexions sur “Orgueil et préjugés

  1. Bonjour Agnès,

    Je prends enfin le temps de passer sur votre blog et je voudrais m’excuser de ne pas avoir répondu à votre mail. Je suis contente que vous ayez apprécié mon travail de recherche sur Jane Austen (bien que ma liste d’austeneries ne soit pas du tout à jour) et je vous confirme que vous n’êtes pas du tout la seule à lire et relire sans cesse son oeuvre. N’hésitez pas d’ailleurs à faire un tour sur ma page Facebook (Jane Austen is my Wonderland), vous y trouverez de nombreux passionnés (et oui, même des hommes) 😉

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    • Bonjour Alice, je suis bien heureuse de votre réponse! Lorsque j’ai visité le musée de Jane Austen il y a deux ans, j’ai bien vu que les hommes n’y étaient pas pour faite tapisserie mais qu’ils s’intéressaient bel et bien à ses œuvres. Bravo, encore une fois, pour votre site d’une grande richesse ! Je vais aller voir votre page. A bientôt !

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