Fortunae – De pourpre et de cendres…
L’Harmattan, 2016
Si vous aimez l’histoire, si vous rêvez de connaître de l’intérieur l’Europe du III° siècle, alors je vous recommande Fortunae.
Les empereurs Carin et Numérien ne sont plus. Dioclès leur succède, mais la passation du pouvoir n’est pas aisée ; le nouvel empereur a des réformes en tête, ce qui ne plait pas à tous les patriciens. Pendant ce temps, Albius Flaccus Ravilla, jeune romain verrier, se voit brusquement vendu comme esclave par son oncle qui doit éponger ses dettes. Il échoue dans le domaine du clarissime Titus Volutianus Tertius auquel il doit deux années de sa vie. La fille de celui-ci, Aleydis, secrètement convertie au christianisme, tombe amoureuse d’Albius et espère s’unir à lui à sa libération.
Le lecteur suit l’histoire de l’Empire romain à travers l’histoire de ces différents personnages, auxquels il faut ajouter Svenhild, ancienne disciple d’une prêtresse franque devenue muette et, loin de Rome, Atuo le gaulois qui s’engage dans un groupe de brigands, les Bagaudes.
Quel lien les unit les uns aux autres ?
A l’aube de son déclin, l’Empire tremble sur ses fondations. Ses frontières sont difficiles à garder, au sein des peuples soumis gronde la révolte. Les luttes pour le pouvoir, dans toutes les strates de la société, sont sans pitié. La mort rôde. Elle fait peur, elle est une compagne fidèle sur laquelle chaque individu sait devoir compter, qu’il soit patricien, homme du peuple, esclave, gueux des provinces soumises ou soldat.
Si les luttes de pouvoir ont traversé les siècles et passionnent tout autant nos générations actuelles que celles de nos ancêtres, certaines difficultés inhérentes à l’immensité d’un pays de l’Antiquité n’existent plus aujourd’hui. A commencer par la communication. Chloé Dubreuil a fait un immense travail de recherche pour écrire Fortunae. Le lecteur découvrira la vie de Saint-Sébastien avant qu’il ne soit transpercé de flèches, apprendra les remèdes d’antan pour panser les blessures, aura une vision de la résistance à la souffrance de nos ancêtres, ira à la rencontre des Bagaudes… La minutie des détails est fantastique. A l’aide d’un vocabulaire riche, presque technique, Chloé Dubreuil s’est attachée à reconstituer un univers qui projette le lecteur deux mille ans en arrière. J’ai vu dans le développement des différents personnages un réel intérêt historique. En revanche, mise parfois en difficulté face à un vocabulaire difficile, j’aurais apprécié un lexique à la fin de l’ouvrage : il m’aurait permis de mieux comprendre la finesse de certains détails que je ne suis pas sûre d’avoir savouré à leur juste niveau.
La lecture de Fortunae pendant mes années lycée m’aurait aidée à saisir l’âme de cet empire et les difficultés de le maintenir à flot. A proposer à nos lycéens latinistes ?
=> Quelques mots sur l’auteure Chloé Dubreuil
=> Autre avis sur Fortunae – de pourpre et de cendres… : Mes promenades culturelles