Isabelle MONNIN avec Alex BEAUPAIN
Les gens dans l’enveloppe
JC Lattès, 2015
Les gens dans l’enveloppe, c’est à la fois un roman, une enquête et des chansons. L’un ne va pas sans l’autre.
Isabelle Monnin, romancière, acquiert auprès d’un brocanteur une enveloppe qui contient une centaine de photos de famille de mauvaise qualité. Il s’agit d’une famille provinciale, classe moyenne, anonyme. Les clichés inspirent l’auteure qui décèle dans les regards, les poses, les personnages présents et ceux qu’elle devine disparus, des vies intérieures riches, des joies et des souffrances.
Elle décide d’imaginer l’histoire de ces individus dans un roman, puis de partir à leur recherche pour découvrir la vraie vie de ses héros.
Alex Beaupain applaudit à ce projet, dans lequel il se trouve même une petite place : écrire des chansons à partir du roman.
C’est ainsi que commence l’aventure des Gens dans l’enveloppe.
Un livre en trois parties, donc. Dès les premiers paragraphes, je suis happée par le style. Le texte est délicieux, les mots caressent l’oreille.
« C’est pour l’impatience de son désir et sa douceur qu’elle a dit oui au curé, oui au maire, oui oh oui le prendre comme époux, oui oui oui plein de fois oui se donner comme femme, un clafoutis de oui et elle palpitait de joie aux premiers Madame Grandjean qu’on lui tendait. »
L’émotion me gagne. Je vis avec Laurence, petite fille abandonnée par sa mère. Avec Serge, l’époux inconsolable. Avec Michelle enfin, si seule, si perdue dans son insatisfaction. Comment Isabelle Monnin a-t-elle su recréer une atmosphère aussi véridique, à partir de polaroïds de mauvaise qualité ?
Je n’en ai pas terminé avec ma dose d’émotions. L’auteur retrouve les héros encore vivants de son roman, finalement pas si différents de ceux qu’elle avait imaginés. Son enquête est poignante, vivante. J’ai l’impression de visiter la maison de Clerval avec Michel ; je me sens comme un témoin invisible à la gare où Isabelle Monnin est accueillie par Laurence et son père. Des héros de tous les jours, plus vrais que vrais, sous la plume sensible de l’écrivain. Quelques longueurs dans cette deuxième partie des Gens dans l’enveloppe, j’ai tourné certaines pages un peu rapidement, mais toujours avec l’envie de renouer un peu plus loin avec les personnages et leurs avatars.
Que dire des chansons d’Alex Beaupain ? J’ai pleuré en écoutant certaines d’entre elles, Couper les virages en particulier. Je l’ai crue chantée par Michelle, le double inventé de Suzanne, tellement les vibrations de la voix restituent son besoin d’évasion. Mise en musique du roman, interprètes professionnels en grand majorité (Camelia Jordana, Clotilde Hesme, Françoise Fabian et Alex Beaupain), mais on entend aussi la voix des vrais gens dans l’enveloppe (Laurence, Zoé, Arthur, Suzanne et Michel). Le roman chanté par les personnes qui l’ont inspiré, la boucle est bouclée.
Un roman magnifique.
Il me fait de l’oeil depuis trop longtemps !
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N’hésite surtout pas !
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Ah ! un commentaire positif sur ce livre qui m’a beaucoup touchée aussi ; j’ai préféré la seconde partie, émouvante, personnelle, elle laisse entrevoir cette envie d’oublier ses propres tristesses en racontant celles des autres.
L’idée au départ est vraiment très originale, et pour qui aime l’écriture, il y a tout : fiction, poésie, journal, biographie et chansons.
Une réussite
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C’est vrai. Une belle idée de départ, qui me touche d’autant plus qu’elle part d’une opportunité de circonstances et non d’un projet construit artificiellement.
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