Elles m’attendaient…
La Trace – 2019
Max, Halley et Rosie, parents et fille. Trois êtres, trois parcours, trois fragilités. Ou comment sauver sa progéniture de ses propres fantômes.
Quelle superbe histoire d’amour ! Entendons-nous bien, derrière cette expression. L’histoire est superbe. L’amour, beaucoup moins. Les amours, plutôt, car Tom Noti a construit son roman autour de nombreuses formes d’amour possible. Avez-vous seulement idée des différentes déclinaisons que peut prendre la relation entre deux êtres ? L’auteur évoque avec autant de force la relation parent-enfant (de celle qui maltraite à celle qui protège) et la relation de couple (celle qui vénère, celle qui unit, celle qui sépare ou celle qui fait souffrir).
Mais quand je dis qu’il évoque – et c’est en ça que réside la beauté du texte – il effleure la plupart de ces situations, plutôt, tout en suggestions narratives poétiques.
C’était ça, être père ? Juste arborer les médailles de sa progéniture comme un palmarès personnel ? Et si la descendance ne gagnait rien ? Aimait-on un enfant sans gloire ? Moi, à l’écouter ainsi, je voulais un enfant qui perde tout afin de ne pas mettre le moindre pied dans cette compétition nauséabonde qui me donnait d’emblée un haut-le-cœur. A cet instant précis, je rêvais d’un perdant magnifique.
Beaucoup de ressemblances entre ce roman et le précédent, Les naufragés de la salle d’attente (Paul & Mike, 2016). Ressemblance dans la construction, déjà : l’auteur semble avoir une prédilection pour le roman chorale et l’analyse plurielle des personnages. Roman empli d’infini respect pour le genre humain, aussi. Tom Noti aime l’humanité, ça se lit dans ses mots, dans la douceur du texte, dans la fragilité de ses personnages.
Une autre comparaison est plus étonnante et m’a amusée : étrangement, dans les deux romans, le psychologue brille par son absence. Pourtant, que les héros de Tom Noti auraient besoin de séances thérapeutiques sur un canapé pour épargner à leurs proches et s’épargner à eux-mêmes le naufrage annoncé de leur vie ! J’utilise consciemment ce mot, tant pour mettre à nouveau l’accent sur la similitude entre les deux romans (mais que les futurs lecteurs se rassurent, la similitude en reste là ; ces deux récits sont totalement différents) que pour regretter le désespoir des héros d’Elles m’attendaient… Les mots de l’auteur transforment certes ce désespoir en allégresse littéraire, mais il est poignant, à la limite du soutenable, alors qu’il suffirait sans doute de pas grand-chose pour l’atténuer et s’accepter.
Bravo donc à Tom Noti pour la douceur de ses mots alors que le sujet ne s’y prête pas vraiment. Gloire à l’amour, envers et contre tout. Je vous recommande vivement ce texte poétique.
=> Quelques mots sur l’auteur Tom Noti