J’essaie de trouver un fil conducteur à chacun de mes bilans. Aujourd’hui le fil rouge tout indiqué me semble être la diplomatie. Peut-être même un peu la politique. Pas à cause des gilets jaunes, je n’ai entendu parler d’aucun auteur bloqué à un péage ou ayant préféré manifester plutôt que de venir. Il s’agit d’autre chose.
Le salon du livre de Chazay d’Azergues invite plus de soixante-dix auteurs. Le nombre de personnalités politiques présentes a été impressionnant. Est-ce pour fêter les dix ans du salon ? Parce que les élections européennes approchent ? Ou parce que plusieurs auteurs célèbres ont fait le déplacement ? Comme c’était ma première participation, je ne saurais le dire. Il n’en reste pas moins vrai que nous avons eu la visite (la longue visite parfois, voire la présence constante tout au long de la journée) de la Vice-Présidente du Conseil Départemental du Rhône, d’un sénateur, du maire de Chazay d’Azergues, de l’adjointe au maire qui a organisé (brillamment) le salon et j’en passe…
Je vais commencer mes épopées diplomatiques avec cette dernière d’ailleurs, d’une part parce son dynamisme et son implication ont été impressionnants, d’autre part parce que c’est avec elle que j’ai fait ma première bourde.
Il faut savoir qu’il y avait beaucoup de visiteurs. Une dame a pris le temps de s’arrêter et d’échanger avec chaque auteur. Elle n’a pas manqué de noter mon investissement pour SOS Méditerranée. Les mots que j’ai entendus sont (plus ou moins) « terrible », « bel engagement »… La croyant simple visiteuse, je me voyais déjà une vente dans la poche, vous imaginez bien. Elle se présente alors comme Vice-présidente du Conseil Départemental du Rhône chargée de la culture. Musique… Jeunesse… Créations… Ses engagements sont multiples. Pendant que nous échangions, une femme est venue me serrer la main. « Nous ne nous sommes pas encore vues ! ». La diplomate que je suis lui a répondu « Je ne sais pas, je ne suis pas physionomiste ». J’attendais qu’elle se présente, mais elle est partie. Lorsque la Vice-Présidente m’a quittée, elle m’a glissé à l’oreille « La personne qui est venue vous saluer est l’adjointe au maire de Chazay d’Azergues, organisatrice du salon. Vous devriez allez la voir parce que je pense que vous l’avez froissée ». Aïe…
Comme si elle avait entendu notre échange, au cours de l’apéritif, à midi, j’ai reçu une jolie leçon de diplomatie. Je discutais avec une auteure d’un premier roman lorsque cette même vice-présidente est passée près de nous. L’auteure a délaissé un instant notre conversation pour aller se présenter à elle et lui serrer la main. Je l’ai observée faire, analysant sa démarche et la comparant à la mienne. Saurai-je un jour m’y prendre comme elle ? Assurément non. Timide, totalement non-physionomiste, je risquerais de serrer la main à l’ennemi juré de ma cible, par erreur…
Moment d’émotion particulièrement intime, celui-là… Parmi les grands auteurs invités figurait Sorj Chalandon. Il semble être un habitué de ce salon. Et il est sans doute l’auteur contemporain dont j’apprécie le plus les écrits. J’ai donc profité d’un moment de calme, en matinée, pour aller le voir et échanger avec lui. Je lui ai expliqué avoir lu tous ses livres sauf un, Mon traître, dont je connaissais la portée personnelle et dont je voulais retarder ma lecture pour ne pas trop la rapprocher de celle de Retour à Killybegs, autre roman sur le même thème. Sorj Chalandon est d’une gentillesse rare… Il m’a d’abord remerciée pour mes mots, puis m’a raconté sa réaction à la découverte de la traîtrise de son ami (je ne raconterai rien sur cette trahison ; je ne peux que vous renvoyer à ses deux romans pour comprendre) : il a immédiatement arrêté tous ses projets en cours et s’être mis à l’écriture du roman qui est devenu Mon traître. Par respect pour lui, je ne dévoilerai rien d’autre de notre échange, si ce n’est l’émotion qui l’a submergé pendant ses confidences. Il a conclu, les yeux humides, par un « Le salon commence bien ! ». L’élan de sympathie avec lequel je lui ai serré la main pour le remercier a rarement trouvé son égal…
Quelques mots sur ma communication autour de SOS Méditerranée ? L’Aquarius n’est finalement pas plus connu que le nom de l’association qui le porte… Mettre les deux noms sur mon flyer n’a eu que peu d’incidence, contrairement à ce que je pensais. Il fallait raconter… Ce qui a créé plusieurs échanges d’une grande qualité.
Quelques visites fort sympathiques à mon stand ! Christine et Denis ont été mes premiers visiteurs. Que du bonheur ! Voir Denis et ses Lectures du hibou dans un salon littéraire est toujours un moment particulier, tellement il est connu dans la région.
Une autre visite m’a particulièrement touchée, celle d’une jeune femme qui a préparé son salon avant de venir et a choisi à l’avance les livres qu’elle souhaitait acheter, sur la base des avis de lecteurs. Chers lecteurs, vous savez donc ce qui vous reste à faite ! Si vous avez lu Quatorze appartements ou L’âme sœur, je serais très heureuse que vous laissiez une trace de votre lecture sur Internet !
Pour ce qui est des rencontres cocasses : une vieille femme, fourrure et compagnie, accompagnée de sa fille, a dénigré mes romans d’un geste méprisant. « Je ne lis que des polars ». Il se trouve que mon voisin de gauche, Daniel, était un auteur de polars noirs. Il a rebondi pour présenter ses romans. Pensez-vous que la femme a pris le temps de s’arrêter ? Elle l’a coupé net dans son élan : « Vous écrivez des polars ? Je prends. Vous faites un prix pour deux ? » J’étais trop occupée à rire pour entendre la réponse de Daniel. Ce que je sais, c’est sa cliente a formulé sa satisfaction avec ces propos « Vous m’avez piégée pour acheter votre bouquin ». Pourquoi suis-je heureuse de ne pas l’avoir intéressée ?
Je conclurai mon bilan par un grand remerciement à l’égard de l’ensemble des bénévoles qui ont participé au bon déroulement de ce salon. Nous avons été bichonnés tout au long de la journée. Café, bouteilles d’eau, plateau repas, sourires et mots gentils… Merci à tous, merci à Pascale BAY pour son implication !