Oliver ou la fabrique d’un manipulateur

OliverLiz Nugent

Oliver ou la fabrique d’un manipulateur

Editions Denoël, 2015

 

C’est sur un homme froid, cynique et violent que s’ouvre ce polar irlandais. Oliver frappe sa femme Alice et l’abandonne à moitié morte dans la maison. Quelques mots sur leur vie conjugale et pour présenter le décor. Il s’agit d’un couple d’artistes étroitement liés dans leur création. Elle est douce et patiente, il est calculateur et insensible. Elle a un frère attardé mental qu’Oliver fait placer en institution malgré son épouse. Il la trompe régulièrement et ce sans aucun état d’âme. Ca commence bien.

Il s’agit d’un roman chorale. Ce sont les autres qui racontent Oliver, en alternance avec sa propre narration. Barney, l’homme à qui il a volé Alice. Mickaël, le frère de Laura, une liaison de jeunesse. Madame Véronique, une viticultrice du bordelais qui accueille chaque été des saisonniers étrangers pour les vendanges. D’autres personnages se succèdent, tous pour accabler Oliver.

L’intrigue tourne autour de deux périodes cruciales : l’abandon d’Olivier durant son enfance et le basculement de nombreuses vies durant l’été 1973. Que s’est-il donc passé ?

Les clichés sociaux se mêlent aux explications faciles, dans un semblant de thriller psychologique où l’intrigue elle-même n’est pas crédible. Oliver est présenté comme un homme meurtri dès l’enfance. Son père n’en a jamais voulu et subvient à peine à ses besoins vitaux. Une enfance malheureuse pour expliquer le monstre ? Voilà une thèse bien osée, novatrice et constructive ! Je ne suis pas experte, mais il me semble qu’au XXI° siècle, ce type d’explication est dépassé. Tout individu majeur est responsable de ses actes. D’ailleurs, Oliver abandonné par son père est entouré d’autres adultes bienveillants, comme le père Daniel, à l’internat, régulièrement évoqué dans le roman. Il n’a aucune excuse.

L’écriture de Liz Nugent est remplie de clichés. Sur la largesse d’esprit du résistant des premières heures pendant la Seconde guerre mondiale, la souffrance des homosexuels Irlandais des années 1970 (ne parlons pas des prêtres), la culpabilité du demi-frère qui ne sait pas comment entreprendre Oliver, quand il découvre leur lien de famille… Quant au dernier chapitre, il est cousu de fils blancs. L’intrigue est pitoyable jusqu’à la dernière ligne. Même la qualité de l’écriture pêche, mais peut-être s’agit-il uniquement d’une traduction qui laisserait à désirer.

Vous l’avez sans doute compris, je n’ai pas été convaincue par ce roman et ne le conseillerai pas.

=> Quelques mots sur l’auteur Liz NUGENT

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